Grands groupes et niveau de competence
CITP 88 (COM) - Deuxieme Partie
Huit des dix grands groupes de la CITP-88 sont délimités par référence aux quatre grands niveaux de compétences définis pour la CITP (voir tableau 1). Ces quatre niveaux de compétence de la CITP ont été définis de manière à être opérationnels en ce qui concerne les catégories et les niveaux d'études de la Classification Internationale Type de l'Education (ISCED). On considère que cinq des huit grands groupes, soit les groupes 4, 5, 6, 7 et 8, possèdent le même niveau de compétences et qu'ils se distinguent au regard des groupes larges de spécialisation des compétences. La définition des deux grands groupes intitulés respectivement Membres de l'exécutif et des corps législatifs, cadres supérieurs de l'administration publique, dirigeants et cadres supérieurs d'entreprise et Forces armées ne fait pas référence au niveau de compétence car il a été considéré que d'autres aspects de ce genre d'emploi sont plus importants à utiliser comme critère de similitude, à savoir respectivement : les fonctions de direction et de décisions de la politique et les devoirs militaires. Il en résulte d'importantes différences de niveaux de compétences à l'intérieur de chacun de ces deux grands groupes. Cependant, les sous-grands groupes et les sous-groupes du grand groupe 1 ont été conçus de manière à intégrer des professions de niveaux de compétences similaires.
Afin de traiter le problème des postes ayant des objectifs similaires, mais exigeant des compétences différentes, car les technologies utilisées sont différentes, on a distingué au niveau des grands groupes entre (a) les professions essentiellement tournées vers l'artisanat (grand groupe 6 "Agriculteurs et ouvriers qualifiés de l'agriculture et de la pêche" et grand groupe 7 "Artisans et ouvriers des métiers de type artisanal") et (b) les professions essentiellement tournées vers l'utilisation d'outillage, le fonctionnement d'équipements et d'appareillages industriels (grand groupe 8 "Conducteurs d'installations et de machines et ouvriers de l'assemblage").
Les professions tournées vers l'artisanat se composent des emplois qualifiés qui participent directement à la production de marchandises et pour lesquels les tâches et charges à exécuter nécessitent la connaissance et la pratique des ressources naturelles et des matières premières utilisées et de savoir comment acquérir les techniques et la pratique désirées. Cependant, un outillage et des machines plus évolués du point de vue technologique peuvent également être utilisés pour ces tâches et charges à condition que cela ne modifie pas les compétences et connaissances de base exigées. Des machines et un outillage modernes peuvent être utilisés afin de diminuer la quantité d'effort physique fournie et/ou le temps nécessaire à l'exécution de tâches précises ou afin d'augmenter la qualité des produits. Les tâches et charges des postes, répertoriés dans les professions essentiellement tournées vers l'utilisation d'outillage, le fonctionnement d'équipement et d'appareillages industriels, nécessitent de connaître la marche à suivre pour faire fonctionner correctement les machines, de savoir comment identifier les dysfonctionnements et comment y remédier. Les compétences requises sont davantage tournées vers les machines elles-mêmes et les tâches qu'elles exécutent, que vers la modification du processus de production ou de ses résultats. On considère que les professions, dont les tâches et charges consistent en l'assemblage de pièces détachées selon des règles et procédures strictes, appartiennent au même grand groupe que les professions tournées vers l'équipement. Les métiers qui nécessitent seulement des compétences faibles ou de base et peu ou pas d'initiative sont classés dans le grand groupe 9.
1 Pour plus de détails, voir BIT, 1990; pp. 2,3.
Tableau 1 :
Grands groupes et niveau de compétence de la CITP-88
Grand Groupe Niveau de compétence de la CITP-88 1 Membres de l'exécutif et des corps législatifs, cadres supérieurs de l'administration publique, dirigeants et cadres supérieurs d'entreprise - 2 Professions intellectuelles et scientifiques quatrième 3 Professions intermédiaires troisième 4 Employés de type administratif deuxième 5 Personnels des services et vendeurs de magasin et de marché deuxième 6 Agriculteurs et ouvriers qualifiés de l'agriculture et de la pêche deuxième 7 Artisans et ouvriers des métiers de type artisanal deuxième 8 Conducteurs d'installation et de machines et ouvriers de l'assemblage deuxième 9 Ouvriers et employés non qualifiés premier 0 Forces armées -
Il a été décidé lors de la quatorzième Conférence Internationale des Statisticiens du Travail (CIST) qu'il devrait être possible, pour des raisons de comparaisons internationales, que la CITP reflète les différences considérables de niveau de compétences exigé existant entre les pays, et parfois à l'intérieur d'un pays, concernant des postes que traditionnellement on a considéré appartenir au même groupe de professions. De telles différences sont liées aux tâches existantes qui sont effectuées car en fait, bien que de nature semblable, ces dernières peuvent différer de façon importante au regard du degré d'initiative, de responsabilité et de plannification exigés. Ces différences dans les tâches à effectuer auront eu pour résultat des différences nationales de qualifications et niveaux de compétences nécessaires pour accéder à ces professions. Par conséquent, il a été décidé lors de la quatorzième CIST que la CITP-88 devrait donner la possibilité aux pays de classer certains groupes professionnels dans le grand groupe 2 "Professions intellectuelles et scientifiques" ou dans le grand groupe 3 "Professions intermédiaires" suivant les conditions prévalant dans chaque pays. Cette possibilité a été créée pour les cas suivants : enseignants des classes pré-élémentaires, primaires et spécialisées, personnel soignant et obstétricien(ne)s, emplois de l'assistance sociale et certaines professions artistiques.
Comme pour la CITP-68, les emplois des forces armées devraient être classés dans le grand groupe séparé 0 "Forces armées", même si ces emplois comportent des tâches et charges semblables à celles de leurs équivalents dans le civil.
Toute profession qui consiste en un emploi pour lequel les travailleurs assument des tâches et charges principalement législatives, administratives ou de direction devrait être classée dans le grand groupe 1 "Membres de l'exécutif et des corps législatifs, cadres supérieurs de l'administration publique, dirigeants et cadres supérieurs d'entreprise". Selon la CITP-68 ces professions étaient classées en partie dans le grand groupe 2 (cadres administratifs et dirigeants) et en partie dans d'autres grands groupes.
Les "personnes à leur compte" doivent être classés différemment selon que leurs tâches et charges rejoignent essentiellement celles des gérants et directeurs ou celles des autres personnes qui travaillent dans le même domaine. Il en est ainsi car on considère que le statut "personne à son compte" ne concerne pas le type de travail effectué mais le "statut de l'emploi" - ce qui correspond aux catégories "travailleurs indépendants" et "employeurs" de la Classification Internationale de Situation dans la Profession (ISCE). Un plombier qui est travailleur indépendant peut effectuer essentiellement des tâches de direction mais un autre plombier peut effectuer, pour l'essentiel, le même travail en tant que salarié, cela dépend, par exemple, de la taille de l'entreprise. Dans le premier cas, l'emploi doit être classé dans la catégorie dirigeants et dans le second cas dans la catégorie plombiers.
Les "apprentis" ainsi que les "stagiaires" devraient être classés selon leurs tâches et charges existantes puisque, si nécessaire, ces deux groupes peuvent être identifiés séparément d'après le classement "statut de l'emploi". La CITP-68 conseillait de classer les apprentis suivant la profession pour laquelle ils étaient en apprentissage, mais de classer les stagiaires suivant leurs tâches et charges existantes.
Le problème posé par le classement d'emplois dont les tâches et charges recouvrent une vaste gamme, devrait être traité par l'application de règles de priorités. Plus précisement, la priorité est donnée à certaines tâches et charges afin de déterminer dans quelle catégorie professionnelle un emploi doit être répertorié, comme par exemple :
(a) lorsque les tâches et charges participent à des étapes différentes des processus de production et de distribution des biens et services, les tâches et charges concernant les étapes de production doivent être prioritaires sur les tâches et charges associées, comme, par exemple, celles concernant la vente et la commercialisation de ces mêmes biens, leur transport ou la gestion du processus de production (sauf si l'une de ces tâches et charges domine). Par exemple, la personne qui travaille à cuire du pain et des pâtisseries et ensuite les vend, devrait être répertoriée comme "boulanger" et non comme "adjoint aux ventes"; le travailleur qui fait fonctionner un type particulier d'équipement et qui apprend également aux nouveaux ouvriers à s'en servir devrait être répertorié comme opérateur de machines-outils; le chauffeur de taxi qui conduit son/sa propre voiture et qui tient également les comptes devrait être répertorié comme conducteur de voitures automobiles; et
(b) lorsque les tâches et charges accomplies nécessitent des compétences généralement acquises par l'apprentissage et l'expérience à divers niveaux, les emplois devraient être classifiés selon celles des tâches et charges qui exigent le plus haut degré de compétences. Par exemple, pour un certain nombre d'emplois, les tâches et charges nécessitent un éventail de compétences relativement faciles à acquérir et on attend des travailleurs une plus grande formation et expérience, ce qui leur permet de faire face à des situations inattendues et peu fréquentes et, par exemple, d'éviter les accidents et les blessures.
Il est admis qu'une certaine liberté de jugement et d'adaptation aux conditions nationales seront nécessaires pour choisir et appliquer ces règles de priorité.
Nombre d'utilisateurs de la CITP de 1968 trouvaient que son niveau final d'agrégation en 9 groupes conduisait à de trop grandes différences au sein de chaque groupe pour que ces groupes puissent être utiles pour décrire et analyser. Cependant, le niveau suivant d'agrégation, comptant 83 groupes, comportait trop de détails pour de nombreux types d'analyses ainsi que pour rendre compte au niveau international de la distribution des professions, notamment quand les données sont obtenues par échantillonnage. La CITP-88 en conséquence, intègre un nouveau niveau d'agrégation au système existant : les sous-grands groupes situés entre les grands groupes et les sous-groupes.